Un plan ambitieux à propos des SMR

La société publique d'énergie CEZ prévoit de mettre en service un premier SMR (small modular reactor ou petit réacteur modulaire) d'ici 2032. Ce premier SMR sera construit près de l'actuelle grande centrale nucléaire de Temelin. Récemment, le groupe énergétique a également identifié les emplacements privilégiés pour un deuxième et un troisième SMR : pour cela, les sites des centrales à charbon de Dětmarovice et Tušimice seraient reconvertis. La mise en service de ces SMR est prévue pour la seconde moitié des années 2030. D'autres centrales au charbon sont également envisagées pour accueillir d'autres petits réacteurs modulaires.

Des travaux intensifs de prospection et de surveillance sont actuellement menés sur les deux sites privilégiés afin de déterminer s'ils sont bien adaptés. Les travaux portent principalement sur les éventuelles fractures tectoniques actives (susceptibilité aux séismes), l'hydrogéologie (écoulements d'eau souterrains) et le type de roche-mère. Les études devraient être terminées en automne 2023.

Selon CEZ, la conversion d'un site non-nucléaire en site nucléaire nécessite une série de travaux d'adaptation qui prendront 3 à 5 ans avant que le processus d'autorisation ne puisse commencer.

Il n'a pas encore été décidé quel type de SMR sera choisi sur les différents sites. Pour être sûr de ne pas manquer le coche, CEZ a signé des accords de coopération avec plusieurs développeurs de SMR, comme NuScale, GE Hitachi, Rolls-Royce SMR, EDF, Westinghouse, KHNP et Holtec.

SMR remplace la centrale au charbon

De plus en plus de pays s'intéressent aux SMR en tant que substituts potentiels bas carbone aux centrales à charbon existantes. Aux États-Unis également, TerraPower, la société énergétique de Bill Gates, construit un réacteur de démonstration sur le site d'une centrale à charbon qui sera bientôt mise hors service. TerraPower espère mettre en service le réacteur de démonstration en 2028.

Une telle transition du charbon au nucléaire est évidemment une bonne nouvelle pour la teneur en CO2 de la production d'électricité dans le pays. Opter pour des sites existants où se trouvent actuellement des centrales à charbon présente également plusieurs autres avantages : l'infrastructure de raccordement au réseau électrique est déjà en place, le site est déjà approuvé pour une centrale électrique, et le personnel est disponible (sous réserve de la reconversion nécessaire).

 
Voici à quoi pourrait ressembler un site SMR (image : CEZ)

« Les petits réacteurs modulaires (SMR) ne sont pas destinés à remplacer les grandes centrales nucléaires. Ils complètent le mix énergétique de la République tchèque en tant que substitut approprié et bas carbone aux centrales à charbon. »

Tomáš Pleskač, Chief Renewables Officer chez CEZ

SMR, mais aussi de nouveaux grands réacteurs nucléaires

« Les petits réacteurs modulaires (SMR) ne sont pas destinés à remplacer les grandes centrales nucléaires. Ils complètent le mix énergétique de la République tchèque en tant que substitut approprié et bas carbone aux centrales à charbon et aux grandes centrales thermiques », a déclaré Tomáš Pleskač, responsable des énergies renouvelables chez CEZ. L'entreprise publique poursuit donc également ses projets concrets de construction d'une nouvelle grande centrale nucléaire à Dukovany d'ici 2036.

Les plans pour un nouveau grand réacteur nucléaire de 1 200 MW au maximum sur le site de Dukovany (Dukovany-5) sont déjà bien avancés. EDF (France), Westinghouse (États-Unis) et KHNP (Corée du Sud) ont soumis une proposition pour la construction. Nous saurons qui remporte le projet de construction en 2024. La construction pourrait alors commencer en 2029, pour être opérationnel en 2036.

Il est également question d'un autre réacteur nucléaire supplémentaire (1 200 MW au maximum) sur le site de Dukovany et de deux réacteurs nucléaires supplémentaires (entre 1 000 et 1 700 MW par réacteur) sur le site de Temelin. Ces plans sont actuellement moins concrets, bien que le délai de 2036-2040 soit envisagé pour rendre ces nouveaux grands réacteurs opérationnels. EDF et Westinghouse ont déjà manifesté leur intérêt.

Prolongation de la durée de vie des réacteurs nucléaires actuels

 

La République tchèque compte actuellement 6 réacteurs nucléaires : 4 réacteurs VVER-440 (500 MW chacun) sur le site de Dukovany et 2 réacteurs VVER-1000 (1 082 MW chacun) sur le site de Temelin. L'énergie nucléaire fournit environ un tiers de l'électricité du pays. Le charbon représente également encore un tiers du mix électrique de la République tchèque.

CEZ souhaite porter la durée de vie de toutes les centrales nucléaires à 60 ans. Cela signifie que les 4 réacteurs actuels de Dukovany, mis en service entre 1985 et 1987, continueront à fonctionner jusqu'en 2045-2047 et les 2 réacteurs actuels de Temelin, mis en service en 2002 et 2003, jusqu'en 2062-2063.

Il est clair que la République tchèque joue pleinement la carte du nucléaire, avec un vaste programme de prolongation de la durée de vie des réacteurs existants, des plans concrets pour la construction de nouveaux grands réacteurs nucléaires d'ici 2036-2040 et un ambitieux programme SMR, le premier SMR étant attendu dès 2032.

Plus d'informations sur le site de CEZ et World Nuclear News.

 

  • Share this page

Avez-vous trouvé cela intéressant ?

Alors inscrivez-vous à notre lettre électronique mensuelle. Vous serez ainsi tenu au courant de l'actualité du secteur nucléaire et vous recevrez toujours des informations indépendantes, factuelles et vérifiées.