MYRRHA : une technologie nucléaire innovante
Le projet MYRRHA (Multi-purpose hYbrid Research Reactor for High-tech Applications) est unique en son genre. Il s’agit, en effet, du premier réacteur de recherche au monde qui sera piloté par un accélérateur de particules. Le projet est dirigé par le SCK CEN (Centre d’étude de l’énergie nucléaire), à Mol, et sera probablement opérationnel à partir de 2027.
Ce projet belge innovant offre des possibilités de recherche, entre autres dans les domaines de l’électricité durable, des nouveaux types de radio-isotopes pour lutter contre le cancer, de la sûreté des réacteurs et de la diminution des déchets nucléaires. Il n’est pas surprenant que le projet MYRRHA attire des scientifiques du monde entier.

Un projet porté par la passion
Hamid Aït Abderrahim est à la tête de ce projet depuis 1998. Hamid est un ingénieur inspiré, dont la fascination pour l’énergie nucléaire remonte à ses quinze ans, lors d’un cours de physique. Il s’en souvient encore très bien : « Pour moi, c’était la révélation. Je voyais enfin le lien entre les équations différentielles mathématiques abstraites et un phénomène physique : la radioactivité ». Cette passion pour l’énergie nucléaire ne l’a jamais quitté depuis.
Après son examen final en Algérie, Hamid a mis le cap sur la Belgique pour y étudier la technologie nucléaire, avant de se spécialiser dans la physique des réacteurs. Il a décroché son doctorat en physique des réacteurs en 1984, puis est allé travailler au SCK CEN, à Mol. « Le centre de Mol est l’endroit où je réalise mes rêves », affirme d’ailleurs Hamid.
« Le projet MYRRHA est merveilleux, plein de mystères qui ne demandent qu’à être expliqués et compris. »
Hamid Aït Abderrahim
Un projet d’envergure internationale
Le projet international MYRRHA offre de fantastiques opportunités pour former une nouvelle génération d’experts et faire un pas de géant dans la production d’électricité durable en Europe.
Le projet jette des ponts entre de nombreux instituts de recherche, universités et entreprises et attirera en Belgique des chercheurs, des ingénieurs et des physiciens nucléaires issus du monde entier. Au total, MYRRHA créera près de 34 000 nouveaux emplois, non seulement au SCK CEN, mais aussi auprès des (nouvelles) entreprises et opportunités qui graviteront autour de ce projet.
« Le projet MYRRHA est merveilleux, plein de mystères qui ne demandent qu’à être expliqués et compris », s’enthousiasme le professeur Hamid Aït Abderrahim.

En quoi MYRRHA est-il unique ?
La fission nucléaire se déroule dans un réacteur nucléaire « traditionnel ». Au fil de cette réaction en chaîne, les neutrons percutent des atomes d’uranium instables qui se désagrègent suite à l’impact. De nouveaux neutrons sont ainsi libérés, qui frappent, à leur tour, d’autres atomes. Chaque fission génère de l’énergie. Il est difficile d’arrêter cette réaction en chaîne.
Avec MYRRHA, la réaction en chaîne prend une tournure particulière. Le cœur du réacteur est sous-critique et ne contient pas assez de matière fissile pour maintenir spontanément la réaction en chaîne. Cette dernière est alimentée par l’accélérateur de particules.
L’accélérateur de particules crée des neutrons et les propulse dans le cœur du réacteur. En ce sens, c’est lui qui déclenche et maintient la réaction en chaîne. Lorsque l’on éteint l’accélérateur, la réaction en chaîne s’arrête automatiquement.
Le projet MYRRHA est unique au monde et illustre le rôle de pionnier de la Belgique dans le domaine de l’expertise nucléaire. Hamid Aït Abderrahim : « MYRRHA est une nouvelle infrastructure totalement innovante : nous associons un accélérateur et un réacteur nucléaire critique, ce qui rend les choses plus compliquées. La réalisation de ce rêve exige de la persévérance et de la persuasion pour convaincre les gens de s’engager dans cette voie avec nous. »
« MYRRHA est une nouvelle infrastructure totalement innovante : nous associons un accélérateur et un réacteur nucléaire critique, ce qui rend les choses plus compliquées. La réalisation de ce rêve exige de la persévérance et de la persuasion. »
Hamid Aït Abderrahim
Une réaction en chaîne contrôlée
L’accélérateur de particules fonctionne donc en fait comme un simple bouton marche/arrêt, ce qui assure la sûreté du processus. Dès que l’accélérateur de particules est arrêté, le réacteur s’arrête en un millionième de seconde.
L’accélérateur de particules présentera une longueur totale de près de 300 mètres. Sa construction commencera en 2021 sur le site du SCK CEN, à Mol, et est subdivisée en trois phases. L’installation devrait être opérationnelle dès 2027.
Une recherche innovante
MYRRHA offre la possibilité de mener d’importantes recherches fondamentales et appliquées et contribue à des solutions innovantes. Les quatre applications les plus importantes de MYRRHA sont :
- Moins de déchets nucléaires : avec MYRRHA, le SCK CEN étudie le processus de transmutation. La transmutation convertit les substances radioactives à longue durée de vie en substances moins toxiques à courte durée de vie. En outre, MYRRHA utilise des neutrons rapides et l’uranium combustible est utilisé de manière optimale, ce qui réduit la quantité de déchets radioactifs.
- Développement de nouvelles technologies de fusion : le réacteur de recherche MYRRHA joue un rôle important dans la recherche internationale sur la sûreté des réacteurs, les matériaux et les combustibles pour différents types de réacteurs et dans le programme européen de fusion nucléaire.
- Production de radio-isotopes médicaux : les radio-isotopes sont utilisés pour le diagnostic et le traitement thérapeutique des patients cancéreux. MYRRHA produira des radio-isotopes et contribuera à la recherche de nouveaux types de radio-isotopes qui combattront la maladie encore plus efficacement, avec moins d’effets secondaires nocifs.
- Production de silicium dopé aux neutrons : le silicium dopé peut être utilisé comme semi-conducteur dans les éoliennes, les panneaux solaires, les voitures hybrides, les trains à grande vitesse... Il est actuellement produit par le réacteur belge BR2. MYRRHA prendra le relais et devra répondre à la demande croissante, à l’avenir. Le projet contribue ainsi à la réalisation de technologies à faible émission de carbone.
Une première dont nous pouvons être fiers
MYRRHA est un projet prestigieux, aux nombreux atouts, et nous pouvons nous réjouir qu’il soit construit en Belgique. Grâce à la technologie innovante du projet MYRRHA, nous attirons des chercheurs passionnés des quatre coins du monde. MYRRHA apporte donc une contribution inestimable à la technologie nucléaire européenne.
Cette initiative est une première mondiale, dont beaucoup d’autres pays ne peuvent que rêver. En bref : une réalisation belge dont nous pouvons être fiers !
