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Suisse : quand la démocratie environnementale soutient le nucléaire
Suisse : quand la démocratie environnementale soutient le nucléaire

Suisse : quand la démocratie environnementale soutient le nucléaire

Le week-end dernier, les Suisses ont dit « non » à la fermeture anticipée de leurs réacteurs nucléaires. Exercice de démocratie environnementale de grande ampleur, ce 16e référendum sur le nucléaire montre que la société civile suisse souhaite participer au débat sur l’énergie et n’a pas l’intention de se laisser dicter ses choix.

Source : SFEN

La centrale nucléaire de Beznau, dans le canton d'Argovie en Suisse.

« L'initiative de retrait nucléaire », soumise à une votation au niveau fédéral grâce à la collecte par le parti écologiste des 100 000 signatures nécessaires, prévoyait l’interdiction de nouveaux réacteurs et une sortie accélérée du nucléaire, avec la fermeture de 3 des 5 réacteurs : Beznau I et II ainsi que le réacteur de Mühleberg dès 2017, l’unité de Gösgen en 2024 et celle de Leibstadt en 2029.

Dimanche 27 novembre, les Suisses étaient invités à s’exprimer sur ce texte. Une large majorité (54, 2 %) a décidé de le rejeter. Ce vote autorise les réacteurs nucléaires du pays à fonctionner au-delà de 45 ans, sous réserve de l’autorisation de l’Autorité de sûreté (IFSN).

Ce résultat montre que les Suisses font confiance à l’IFSN et qu'ils considèrent les atouts du nucléaire sur les questions de la lutte contre le changement climatique et la sécurité énergétique comme plus importants que les craintes liées à la sûreté nucléaire. 

5 à 9 nouvelles centrales à gaz auraient été nécessaires pour assurer la sécurité d'approvisionnement de la Suisse.

Les conséquences d'une sortie du nucléaire

Les Suisses bénéficient, comme les Français, d’une électricité bas-carbone à plus de 95 % grâce à une combinaison nucléaire-hydroélectricité (représentant respectivement 33 % et 60 % de la production). La fermeture prématurée de 3 des 5 réacteurs dès 2017 aurait entraîné une hausse immédiate et importante des importations en provenance de France mais surtout d’Allemagne où l’électricité, à base de charbon pour 40 %, est aussi très fortement émettrice de gaz à effet de serre. 

Côté gestion du réseau électrique, compte tenu des délais insuffisants pour adapter les infrastructures, des ruptures étaient à craindre à court terme. Malgré un plan d’investissement agressif en matière d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables, il aurait fallu, afin d’assurer la sécurité d’approvisionnement du pays, construire rapidement 5 à 9 nouvelles centrales à gaz. Ceci aurait alors fait sortir la Suisse du top 5 des pays les moins émetteurs de CO2 au monde pour la production de leur électricité et ne lui aurait pas permis de tenir les engagements pris à la COP21.

Depuis 1979, le peuple suisse a, sur le plan fédéral ou cantonal, voté 16 fois sur le nucléaire.

Quand la démocratie environnementale s'exprime

Depuis 1979, le peuple suisse a, sur le plan fédéral ou cantonal, voté seize fois sur le nucléaire. Il n'a jamais soutenu la moindre initiative exigeant l'abandon de cette technologie ou la fermeture d'une centrale. En 1990, il a néanmoins approuvé un moratoire de dix ans sur la construction de nouveaux réacteurs, moratoire qu'il a refusé de prolonger en 2003. Ces résultats montrent que l'attitude du public suisse à l'égard de l'énergie nucléaire est bien plus favorable que beaucoup le disent.

Les centrales seront donc autorisées à poursuivre leur exploitation, sous réserve qu’elles continueront à satisfaire les exigences de l’autorité de sûreté suisse posées après Fukushima, ce qui sera le cas pour 4 des 5 réacteurs actuels. Le résultat du référendum ouvre la voie à ces réacteurs pour une exploitation sur une soixantaine d'années, comme c’est le cas aujourd’hui aux Etats-Unis. La première unité s’arrêtera dans les années 2030. Alors que plusieurs projets de constructions neuves étaient à l’étude en 2010, le Conseil fédéral et le Parlement ont décidé de manière hâtive, après l’accident de Fukushima en 2011, de sortir progressivement de l'énergie nucléaire au fur et à mesure de l’arrête de l’exploitation des centrales et de travailler sur une nouvelle politique énergétique (Stratégie énergétique 2050) visant les 100 % d’énergies renouvelables.

Energy for Humanity - Accélérer le changement climatique?

Energy for Humanity

D’après l’ONG Energy for Humanity, qui a fait campagne contre la fermeture des centrales suisses, un tel plan parait aujourd’hui irréaliste, et présente le risque pour le pays à terme de devoir revenir aux énergies fossiles : « les décideurs politiques suisses doivent revoir le calendrier, supprimer l'interdiction de construire des centrales neuves, et mettre en place  les mesures qui permettront à l'énergie nucléaire de continuer à jouer son rôle essentiel au sein d’un mix bas carbone ».

Energy for Humanity a d’ailleurs déjà planifié la tenue, au cours du deuxième trimestre de 2017, d’un premier dialogue sur l'énergie. Les scientifiques et experts renommés sont invités à participer à cet évènement.

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