Sondage d’opinion belge 2016 sur les technologies nucléaires
Tous les 18 mois, le Forum nucléaire demande à l’organisation indépendante TNS d’effectuer un sondage approfondi auprès d’un échantillon représentatif de 1000 Belges sur leur perception du nucléaire. Dans le contexte actuel, avec la menace terroriste et les incidents qu’ont connu quelques centrales, les opinions ont évolué et sont plus tranchées. Découvrez les résultats ici.
Pourtant, lorsqu’on pèse le pour et le contre de l’énergie nucléaire, près de 60 % des Belges estiment que l’énergie nucléaire offre plus d’avantages que d’inconvénients. Huit Belges sur dix sont en faveur de son maintien, même si 71 % des Belges estiment que la part d’énergie nucléaire (qui couvre actuellement environ la moitié de la production d'électricité) devrait diminuer au fil des années dans le cadre d’un mix énergétique nucléaire/renouvelable.
Les Belges ont besoin d’être continuellement informés sur la sûreté.
La sécurité d’approvisionnement est l’avantage n°1
L’avantage n° 1 du nucléaire, pour 30% des personnes sondées, est la disponibilité de l’énergie nucléaire 24h sur 24 et 7 jours sur 7. La sécurité d’approvisionnement est donc un atout de plus en plus apprécié. Le deuxième avantage le plus fréquemment cité (16%) est le prix attractif et stable de l’énergie nucléaire.
Et les craintes des Belges ? Elles concernent principalement la sûreté, la santé et l’environnement. Faisons le point sur ces trois sujets importants.
Sûreté : le secteur le plus contrôlé au monde, et en Belgique
Les Belges ont besoin d’être continuellement informés sur la sûreté. Car 46% d‘entre eux citent encore le risque d’accident comme un désavantage majeur de l’énergie nucléaire. Pourtant, ce secteur est le plus rigoureusement et le plus fréquemment contrôlé au monde.
L’énergie nucléaire, contrairement à certaines idées reçues, est un moyen sûr de produire de l’énergie. Les accidents sont extrêmement rares et, en comparaison avec d’autres sources d’énergie, le secteur déplore peu de pertes de vies humaines. Sans oublier que tout est géré selon une politique de sûreté des plus exigeantes.

Des contrôles nationaux et internationaux
En Belgique, les centrales nucléaires sont soumises de manière permanente à des contrôles internes et nationaux, sous la surveillance de l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN), ainsi qu’à des audits internationaux sous la conduite de l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le niveau de sûreté est adapté en permanence pour répondre aux nouvelles exigences et normes nationales et internationales.
Ainsi, nos centrales nucléaires font l’objet en moyenne d’un audit par semaine et d’un contrôle quotidien effectuée par des experts externes. Leur fonctionnement est assuré par du personnel hautement qualifié selon des procédures de sûreté et de sécurité extrêmement strictes. Enfin, il faut savoir que nos centrales figurent parmi les plus robustes et les plus fiables d’Europe. Notre pays jouit d’ailleurs d’une renommée mondiale dans divers domaines du secteur nucléaire.

Et les gens qui habitent près des centrales ?
Des relevés et des analyses pointues sont effectués et confirment l’impact extrêmement limité d’une installation nucléaire sur la santé des populations avoisinantes. Un exemple parlant : une année d’exposition à la radioactivité émise par une centrale nucléaire équivaut à 1/10 de la dose reçue lors d’une radiographie du thorax.
Bien sûr, l’exposition à des doses de radioactivité élevées, après une catastrophe nucléaire par exemple, est dangereuse. Mais dans des conditions normales, l’énergie nucléaire n’est pas dangereuse pour la santé, pas même pour les voisins d’une centrale nucléaire. Et ce grâce à des mesures et des contrôles de sûreté draconiens.
La santé sous haute surveillance
Une part croissante des personnes sondées (18 %) estime que l’énergie nucléaire présente des risques pour la santé. Il existe pourtant un système de prévention et de contrôle qui a de quoi rassurer.
L’AFCN promeut en effet une protection efficace de la population, des travailleurs et de l’environnement. En outre, un système de garde (TELERAD) assuré par des experts, mesure 24 h sur 24 la radioactivité de l’air en Belgique. Enfin, l’United Nation Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation (UNSCEAR) évalue les risques d’irradiation et établit les mesures de sûreté.

66% des Belges sondés pensent la même chose et estiment que l’énergie nucléaire a sa place dans le mix énergétique.
Environnement : l’énergie nucléaire pour atteindre les défis climatiques
Notre constat : peu de personnes connaissent les avantages qu’offre l’énergie nucléaire dans la lutte contre le changement climatique.
De l’énergie bas carbone
Parce que l’énergie nucléaire n’émet quasiment pas de CO2, de plus en plus de scientifiques la voient comme un élément essentiel de la solution au changement climatique. 66% des Belges sondés pensent la même chose et estiment que l’énergie nucléaire a sa place dans le mix énergétique.
27 % des Belges, cependant, estiment que l’énergie nucléaire a une influence négative sur l’environnement. En cause : la méconnaissance de l’aspect décarboné de l’énergie nucléaire et de la gestion rigoureuse des déchets.
Seuls 10% des Belges mettent l’atout bas-carbone de l’énergie nucléaire en avant.
Pourquoi ? Peu de Belges connaissent la composition exacte du mix énergétique : la moitié d’entre eux surestime la part d’énergies renouvelables et 7 personnes sur 10 sous-évaluent la part d’énergies fossiles. Or, il faut savoir deux choses. D’une part que les énergies renouvelables sont intermittentes (le soleil et le vent ne sont pas toujours au rendez-vous, par exemple). Et d’autre part que les énergies fossiles émettent de grandes quantités de CO2. Pour atteindre les objectifs climatiques, l’énergie nucléaire a donc un rôle important à jouer. Les chiffres sont parlants.

La gestion rigoureuse des déchets rassure
Les craintes par rapport à la gestion des déchets nucléaires ont fortement diminué : on passe de 33% à 19 %. Rappelons que la gestion des déchets nucléaires en Belgique est assurée par l’ONDRAF (Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies). Cette prise en charge réglementée et spécifique satisfait à des critères de sûreté très rigoureux. Les déchets sont répertoriés, classifiés et quantifiés. Au milligramme près. Les déchets nucléaires ne représentent donc pas de danger, ni pour la population, ni pour l’environnement.
55 % des belges sont favorables à la prolongation des centrales belges à long terme.
Vers un futur décarboné
A la question ‘Faut-il favoriser un mix énergétique décarboné nucléaire/renouvelable ?’, la réponse est clairement ‘oui’. Deux tiers des Belges sont en faveur d’une plus grande part d’énergie renouvelable, combinée à l’énergie nucléaire qui est disponible en permanence et à un prix abordable.
Les Belges sont conscients que les énergies renouvelables ne suffisent pas à couvrir tous nos besoins énergétiques et plaident pour le maintien de l’énergie nucléaire dans le mix belge.
La prolongation des centrales nucléaires : un choix fondé
Le sondage reflète les doutes de certains Belges quant à la prolongation des centrales belges. 55% d’entre eux y sont favorables à long terme, tandis que 27% y sont favorables à court terme. Les autres ne se
prononcent pas. Il faut dire que les prolongations des centrales nucléaires ont fait énormément débat dans les médias, parfois au détriment d’informations objectives.
Alors, qu’en est-il ? Techniquement, la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires belges se justifie au-delà de 40 ans. C’est d’ailleurs déjà le cas pour certains réacteurs chez nous et dans de nombreux autres pays. Bien sûr, ce choix implique différents aménagements et de nouveaux investissements de la part des exploitants de centrales. Toute prolongation doit également être approuvée par l’AFCN. La décision de poursuivre ou non l’exploitation de ces centrales est donc avant tout un choix politique.
Le nucléaire continue à faire débat. La question divise et génère beaucoup d’émotions, le plus souvent générées par la peur. Car l’idée que l’énergie nucléaire est dangereuse pour l’homme, la santé et l’environnement est faussée par un manque d’information sur le sujet.
Malgré tout, 66% des personnes sondées estiment que l’énergie nucléaire a sa place dans le mix énergétique belge.