Les Pays-Bas veulent construire deux nouvelles centrales nucléaires
Nos voisins du nord vont construire deux nouvelles centrales nucléaires à Borssele, en Zélande, chacune d'une capacité maximale de 1 600 mégawatts. Il y aura également une prolongation supplémentaire de la durée de vie de la centrale nucléaire existante, déjà autorisée pour 60 ans. De cette manière, les Pays-Bas entendent garantir leur approvisionnement énergétique dans les décennies à venir, devenir moins dépendant d'autres pays pour la production d'électricité et, surtout, atteindre leurs objectifs climatiques. L'énergie nucléaire est une source fiable d'électricité à faible teneur en carbone qui peut contribuer à atteindre les objectifs climatiques.
3200 mégawatts d'ici 2035
Les ambitions sont élevées : au plus tard en 2035, les Pays-Bas veulent mettre en service les deux nouvelles centrales (qui représentent une capacité maximale de 1600 mégawatts par réacteur). La centrale sera construite à Borssele (Zélande), sur l'estuaire de l'Escaut occidental et à moins de 20 kilomètres de la frontière belge. Une centrale nucléaire y est déjà implantée. La centrale actuelle - la seule centrale nucléaire des Pays-Bas - est opérationnelle depuis 1973 et fournit environ 4 % de toute la consommation d'électricité des Pays-Bas. Beaucoup moins que le parc nucléaire belge, qui, ensemble, peut fournir environ 50 % de la consommation d'électricité de la Belgique.
En augmentant leur recours à l'énergie nucléaire, les Pays-Bas, qui dépendent principalement du gaz domestique et étranger en plus des énergies renouvelables, visent à devenir moins dépendants des énergies fossiles à long terme et à atteindre plus facilement leurs objectifs climatiques. L'énergie nucléaire est une source d’électricité bas carbone et (contrairement à l'énergie éolienne et solaire) ne dépend pas des conditions météorologiques. C'est pourquoi - avec les énergies renouvelables, sur lesquelles les Pays-Bas restent pleinement engagés - elle constitue une source importante dans la lutte contre le changement climatique.

Une prolongation supplémentaire de la durée de vie de la centrale nucléaire existante
La centrale nucléaire existante de Borssele a reçu le feu vert il y a plusieurs années pour rester opérationnelle pendant 20 années supplémentaires. C'est différent de la Belgique (où les prolongations de la durée de vie votées ces dernières années n'étaient "que" de 10 ans, et non de 20 ans), et également différent de la Belgique parce que la prolongation de la durée de vie n'était pas une question politique brûlante. La prolongation de la durée de vie a été votée avec une large majorité politique, sans querelles politiques et sans opposition populaire significative. En outre, la prolongation de la durée de vie a été approuvée sans plébiscite majeur. Pour les extensions de durée de vie en Belgique, un plébiscite a été organisé dans un périmètre de 1000 kilomètres (du Danemark à l'Autriche).
Il a donc été convenu de prolonger de 20 ans la centrale électrique existante de Borssele. Au total, la centrale existante de Borssele restera donc opérationnelle pendant 80 ans, soit le double de la durée de vie actuellement prévue pour certaines centrales belges.
Large consensus politique, avec un soutien du grand public
La double décision des Pays-Bas (deux nouvelles centrales et une extension de la centrale existante) a été votée avec une large majorité politique. Lorsque la coalition actuelle dirigée par Mark Rutte a pris ses fonctions en 2021, elle a déjà annoncé son intention de construire deux nouvelles centrales nucléaires. Cette intention est maintenant transformée en un plan concret, et il y aura un engagement supplémentaire pour maintenir l'usine existante ouverte plus longtemps.
Pour commencer les préparatifs, les Pays-Bas mettent déjà 5 milliards d'euros sur la table. Mais il faudra encore plus d'argent pour la construction proprement dite. Pour cela, le gouvernement espère faire appel à des entreprises intéressées par l'exploitation d'une telle nouvelle centrale nucléaire.
Aux Pays-Bas, comme en Belgique, le public est largement favorable à l'énergie nucléaire. Et ce, tant pour les infrastructures existantes que pour les nouvelles. La guerre en Ukraine, et les augmentations des prix du gaz et du charbon qui ont suivi, ont encore renforcé le soutien à l'énergie nucléaire et abaissé encore davantage le seuil d'acceptation. L'énergie nucléaire est la principale source d'électricité à faible teneur en carbone dans de nombreux pays, dont la Belgique.

Aux Pays-Bas, les émissions de CO2 liées à la production d'électricité sont beaucoup plus élevées qu'en Belgique. En effet, les Pays-Bas disposent de moins de centrales nucléaires que la Belgique, ce qui les rend plus dépendants des combustibles fossiles tels que le gaz et le charbon. Avec la récente décision du gouvernement, les Pays-Bas veulent investir davantage dans l'énergie nucléaire, réduire l'impact en CO2 de leur production d'électricité et mieux atteindre leurs objectifs climatiques.