L'énergie nucléaire mondiale doit doubler d'ici 2050 pour atteindre les objectifs climatiques, selon l'AIE
Si nous voulons atteindre les objectifs climatiques (zéro émission d'ici 2050) et réduire notre dépendance à l'égard des combustibles fossiles étrangers, la capacité installée de l'énergie nucléaire devra doubler d'ici 2050. C'est ce qu'affirme l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans un nouveau rapport publié le 30 juin. La mise en place d'un système énergétique durable et à faible émission de carbone sera non seulement plus difficile sans l'énergie nucléaire, mais aussi plus risquée et plus coûteuse, selon l'AIE.
Il sera plus difficile d'atteindre les objectifs climatiques sans l'énergie nucléaire
Si nous voulons atteindre les objectifs climatiques d'ici 2050, la capacité nucléaire mondiale devra doubler pour atteindre 812 gigawatts (GW) d'ici 2050. L'énergie nucléaire est actuellement la deuxième source d'énergie bas carbone, après l'hydroélectricité. Pas moins de 32 pays utilisent l'énergie nucléaire pour produire de l'électricité.
Selon l'AIE, pour que la transition vers le "net zéro" reste rentable, la priorité devra être de maintenir les capacités nucléaires existantes opérationnelles plus longtemps. La diminution de la part de l'énergie nucléaire rendra la transition vers le "net zéro" plus coûteuse et plus difficile. Dans le projet de l'AIE (pour rendre réalisable l'objectif de zéro émission d'ici 2050), environ la moitié des centrales nucléaires existantes devra être prolongée. Cela permettrait de réduire de 200 gigawatts le besoin d'autres capacités à faible intensité de carbone. Le coût LCOE d'une prolongation de la durée de vie (LTO) est d'environ €40 par mégawattheure (MWh). Le coût de l'énergie nucléaire est donc compétitif par rapport à celui de l'énergie éolienne et solaire dans la plupart des régions du monde. Dans un scénario sans LTO, le coût supplémentaire de la transition énergétique serait de 500 milliards d'euros, soit un coût supplémentaire annuel de 20 milliards d'euros.
Hydrogène et énergie nucléaire : de nouvelles opportunités
L'énergie nucléaire présente un grand potentiel pour la production d'hydrogène. L'électricité excédentaire produite par les centrales nucléaires pourrait être utilisée pour produire environ 20 millions de tonnes d'hydrogène d'ici à 2050.
Les pays qui choisissent de continuer à utiliser l'énergie nucléaire, ou d'en augmenter son utilisation en construisant de nouvelles unités, peuvent réduire leur dépendance à l'égard des combustibles fossiles, diminuer leurs émissions de CO2 et mieux équiper leurs systèmes énergétiques pour permettre une part plus importante d'énergie renouvelable (éolienne et/ou solaire).
L'énergie nucléaire comme catalyseur des énergies renouvelables
À l'avenir, les énergies éolienne et solaire constitueront la majeure partie du mix énergétique. L'énergie fossile n'aura plus sa place. Pour compenser la disparition de l'énergie fossile, il sera nécessaire de disposer d'une combinaison diversifiée de production d'électricité contrôlable qui assure la stabilité du réseau, mais aussi une flexibilité et une capacité suffisantes aux heures de pointe. L'énergie nucléaire est une technologie complémentaire aux énergies renouvelables. En Chine, par exemple, l'énergie nucléaire représentera à peine 10 % de la production totale d'électricité d'ici 2060, mais fournira environ la moitié de l'énergie de secours nécessaire en cas de pénurie d'électricité due à une production éoliennes ou solaire trop faible.
Un véritable élan pour les SMR
Il existe une réelle opportunité pour les petits réacteurs modulaires (SMR). En raison des objectifs « net zéro », il sera nécessaire de disposer d'une capacité contrôlable bas carbone. Les SMR peuvent y parvenir. En raison de leur petite taille, les SMR offrent exactement ce dont le marché a besoin. Leur coût d'investissement plus faible, leur sécurité intrinsèque et la gestion des déchets, ainsi que des risques d'investissement plus faible rendent les SMR plus acceptables sur le plan social, tout en attirant davantage de capitaux privés, tant pour la R&D que pour les installations pilotes, ou encore le développement et la production réels des SMR. Un SMR pourrait également utiliser les sites de centrales électriques à combustibles fossiles existants, leur raccordement au système de transport Haute-Tension, les systèmes de refroidissement (entre autre les tours de refroidissement) et les compétences du personnel existant. Néanmoins, les investissements privés liés aux SMR nécessitent un cadre législatif et régulatoire stables.
Recommandations aux décideurs
L'Agence internationale de l'énergie formule également des recommandations claires à l'intention des responsables politiques et des décideurs pour les pays qui décident de poursuivre l'exploitation de l'énergie nucléaire :
- Prolonger la durée de vie opérationnelle des centrales nucléaires.
- Les marchés de l'électricité doivent créer des conditions de concurrence équitables pour toutes les technologies bas carbone, y compris le nucléaire. L'importante contribution positive de l'énergie nucléaire doit être valorisée.
- Un cadre de financement stable doit être créé pour soutenir la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.
- Mettre en œuvre et exploiter les solutions existantes pour les déchets nucléaires. Impliquer les citoyens dans le processus de décision pour la solution permanente aux déchets de haute activité.
- Accélérer le développement et le déploiement des petits réacteurs modulaires (SMR).