Le Royaume-Uni propose un plan énergétique ambitieux, avec un rôle clé pour les énergies renouvelables et l'énergie nucléaire
En avril 2022, le gouvernement britannique a présenté son plan énergétique ambitieux, il s'engage pour un mix énergétique, à la fois bas carbone et offrant un niveau élevé de sécurité d'approvisionnement. La solution pour atteindre une indépendance énergétique, sans perdre de vue l'objectif « Net Zero d'ici 2050 », sera une combinaison d'énergies renouvelables, de production locale d'hydrogène, d'énergie fossile domestique, mais aussi d'énergie nucléaire (aussi bien les nouvelles grandes centrales nucléaires que les petits réacteurs modulaires).
Le post-corona et la guerre en Ukraine
Avec la reprise de l'économie après deux années d'incertitude dues à l'effet corona, la demande de pétrole et de gaz a fortement augmenté. Cela a également entraîné une forte hausse des prix. Avec la guerre en Ukraine, il est également devenu évident que Poutine utilise les réserves de gaz russe comme une arme géopolitique - ce qui a fait grimper encore plus les prix du gaz et du pétrole sur le marché international - et il est devenu clair que l'Europe doit rapidement travailler à son indépendance énergétique. Et ce, sans perdre de vue le défi climatique.
95 % d'électricité bas carbone d'ici à 2030
Tout ceci constituait un signal clair pour le gouvernement britannique d'évoluer vers un système énergétique plus autosuffisant. À cette fin, les Anglais comptent sur leur propre extraction de pétrole et de gaz fossiles en mer du Nord (au lieu d'être dépendants de – entre autres – la Russie), sur une plus grande efficacité énergétique, l'électrification et la production locale d'hydrogène, mais surtout sur une forte expansion de leurs propres capacités en matière d'énergies renouvelables et d'énergie nucléaire. Selon ce plan énergétique, 95% de l'électricité au Royaume-Uni pourrait être décarbonée d'ici 2030.
Focus sur l'éolien offshore
Un point important de la transition énergétique est la poursuite de l'expansion des énergies renouvelables. L'expansion de la capacité de l'énergie éolienne et solaire réduit l'exposition au marché international volatil des combustibles fossiles (gaz/pétrole).
Compte tenu de leur situation géographique, les efforts portent principalement sur l'éolien offshore. Leur objectif est de disposer d'une capacité éolienne en mer de 50GW d'ici à 2030, dont quelque 5GW d'éoliennes flottantes innovantes.
L'éolien terrestre, le solaire et l'hydrogène
En ce qui concerne l'énergie éolienne terrestre, le Royaume-Uni dispose déjà d'une capacité d'environ 14GW. Il voit plutôt une augmentation limitée possible, principalement dans les régions moins peuplées comme l'Écosse et le Pays de Galles. Le remplacement des éoliennes existantes par des éoliennes plus récentes, plus grandes et technologiquement plus avancées pourrait également augmenter la capacité.
En termes d'énergie solaire, le Royaume-Uni dispose actuellement d'une capacité de 14GW, répartie entre les projets à grande échelle et les panneaux solaires installés sur les toits des habitations. Une multiplication par cinq de la capacité (jusqu'à 70GW) est prévue d'ici 2035.
Enfin, les Britanniques suivent également l'évolution d'autres technologies pouvant être intéressantes en raison de leur géographie et de leur géologie, comme l'énergie marémotrice et l'énergie géothermique. Le gouvernement britannique veut transformer les excédents d'énergie renouvelable (et d'énergie nucléaire) en hydrogène. D'ici 2030, ils veulent produire localement 10GW d'hydrogène bas carbone (dont la moitié par électrolyse avec de l'électricité provenant d'énergies renouvelables et du nucléaire).
Un rôle clé pour l'énergie nucléaire
À l'heure actuelle, l'énergie nucléaire fournit environ 15% du mix électrique britannique. Selon le plan énergétique, ils veulent augmenter considérablement cette part, pour atteindre 25% du mix électrique d'ici 2050 (en tenant compte d'un doublement de la consommation d'électricité par rapport à aujourd'hui). En termes de capacité, cela signifie un triplement par rapport à aujourd'hui, pour atteindre 24GW de capacité nucléaire installée d'ici 2050. À cette fin, ils s'intéressent aux nouvelles grandes centrales nucléaires (telles que Hinkley Point C et Sizewell C, où deux réacteurs EPR sont prévus, pour un total de 3 200 MW par site), mais aussi aux développements dans le domaine des petits réacteurs modulaires (Small Modular Reactors ou SMR).
En tout cas, l'énergie nucléaire sera un pilier essentiel de la politique énergétique britannique de demain. C'est la seule forme de production d'électricité fiable et à faible émission de carbone qui a fait ses preuves à grande échelle. Seule l'énergie nucléaire peut générer une charge de base suffisante d'électricité décarbonée.
8 sites nucléaires
Autrefois à l'avant-garde de la technologie nucléaire, le Royaume-Uni a perdu cette position au cours des dernières décennies (entre autres au profit de la Belgique, qui est reconnue dans le monde entier comme un centre de compétences en matière de technologie nucléaire). Par exemple, 5 des 6 centrales nucléaires existantes fermeront avant la fin de la décennie, tandis qu'un seul projet de construction d'un nouveau réacteur (Hinkley Point C) est en cours. Grâce à un investissement sans précédent, ils veulent amorcer une renaissance nucléaire et retrouver leur leadership mondial dans le domaine du nucléaire civil. Ils réduiront les coûts en construisant à grande échelle au cours des 30 prochaines années (production en série).
Le gouvernement britannique a déjà désigné 8 sites comme sites nucléaires : Hinkley, Sizewell, Heysham, Hartlepool, Bradwell, Wylfa, Oldbury et Moorside. Pour permettre à leurs ambitieux plans de déploiement, ils développeront également une stratégie transversale à long terme pour tous les sites. Enfin, le Royaume-Uni travaillera également avec d'autres pays pour développer des petits réacteurs modulaires (SMR).
Élément marquant concernant l'énergie nucléaire : le gouvernement promet de travailler avec les régulateurs pour rationaliser ou éviter la duplication des autorisations pour les nouvelles centrales nucléaires, afin que les nouveaux projets nucléaires puissent être mis en œuvre plus rapidement dans le cadre légal, sans compromettre les mesures strictes de sûreté, de sécurité et de protection de l'environnement.
Stratégie globale à long terme
Le plan énergétique actuel affiche également de grandes ambitions dans d'autres domaines, tels que les transports et le logement. Par exemple, ils mettent à disposition des fonds pour subventionner l'isolation des maisons afin qu'elles deviennent plus efficaces sur le plan énergétique. En outre, l'objectif est d'accroître l'électrification, notamment en investissant dans les voitures électriques et les pompes à chaleur. Le Royaume-Uni prévoit par conséquent un doublement de la consommation d'électricité d'ici 2050. C'est pourquoi ils réalisent également les investissements nécessaires dans l'infrastructure du réseau pour l'avenir.
Ce n'est qu'avec une stratégie globale à long terme que l'objectif ultime, Net Zero (zéro émission) en 2050, pourra être atteint.
Source : British Energy Security Strategy