Le maintien et le développement de la science, de la technologie et de l’industrie nucléaire belge
En amont des élections fédérales de 2019, le Forum Nucléaire a publié son mémorandum à l’attention des futurs décideurs politiques. Le mémorandum complet se trouve ici. Aujourd’hui, un an après ces élections, nous aimerions vous rappeler nos 5 requêtes.
1. LE MAINTIEN & LE DÉVELOPPEMENT DE LA SCIENCE, DE LA TECHNOLOGIE ET DE L’INDUSTRIE NUCLÉAIRE
Nous demandons plus que jamais au gouvernement belge de ne pas abandonner le leadership belge en matière de leadership nucléaire. L’expertise belge en matière de nucléaire est une réalité. De la construction du premier réacteur au prix Nobel de physique pour la découverte du boson par notre compatriote François Englert, notre pays a joué et joue un rôle de pionnier. Grâce à l’expertise de la Belgique dans les applications diverses de la technologie nucléaire, notre pays a acquis une réputation internationale, une visibilité et un savoir-faire qui sont reconnus (et enviés) par de nombreux autres pays. La Belgique doit conserver, et même renforcer, son expertise en terme de nucléaire. Les 20 000 professionnels du nucléaire qui travaillent dans notre secteur sont la preuve vivante que cet incontestable savoir-faire est un moteur de connaissance, de recherche et de développement, d’innovation et d’emploi, et qu’il est essentiel pour la production d’électricité, la santé, l’industrie et la science. Ces compétences doivent être préservées et développées.
2. LA CONTINUITÉ DANS LE CHOIX DE L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE POUR LA PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉ
Nous demandons au gouvernement belge de prendre une décision définitive au sujet de la sortie du nucléaire, de façon responsable et sans dogme . Les industriels du secteur nucléaire ont besoin de cette décision pour pouvoir à leur tour prendre les bonnes décisions. Les centrales nucléaires belges produisent depuis quarante ans plus de la moitié de l’électricité générée en Belgique. Les réacteurs nucléaires de Doel et Tihange produisent tout au long de l’année, nuit et jour, de l’électricité fiable, à un prix abordable et en toute sûreté. Associée au développement des énergies renouvelables, l’énergie nucléaire est dès aujourd’hui la garantie d’un mix électrique belge composé très largement de sources énergétiques pauvres en CO2. Aucun pays « raisonnable » n’accepterait de renoncer unilatéralement à de tels avantages. De nombreuses études indiquent qu’une sortie du nucléaire dans notre pays aura un impact négatif sur la sécurité d’approvisionnement, sur le prix de l’électricité et sur les émissions de CO2. L’énergie nucléaire fait partie des solutions pour la transition énergétique. Elle rend cette transition énergétique possible. Elle a droit à un traitement équitable, à l’issue d’un débat technologique et idéologiquement neutre, dans lequel toutes les options sont examinées pour leurs mérites propres, en vue de décisions éclairées sur la base d’informations objectives et neutres. Il est urgent de tirer des conclusions claires sur le maintien éventuel des centrales après 2025: si les choix ne sont pas effectués rapidement, il sera trop tard.
3. UNE SOLUTION DURABLE ET DÉFINITIVE POUR LA GESTION DES DÉCHETS
Nous demandons aux autorités belges de prendre une décision réfléchie sur le principe de gestion des déchets nucléaires issus de 40 ans de production d’énergie décarbonée. Les déchets de haute activité et/ou à longue durée de vie doivent être isolés de l’environnement. L’ONDRAF propose d’enfouir les déchets profondément sous terre dans l’argile, une roche hôte, qui est stable depuis des millions d’années. Cette stratégie est fondée sur les recommandations internationales. L’Ondraf et son ministre de tutelle ont présenté cette option pour le stockage des déchets hautement radioactifs aux autorités belges. De son côté, l’AFCN convient que l’enfouissement souterrain est une option sûre. Pour pouvoir mettre en œuvre cette solution, il faut disposer d’un processus de prise de décision prudent et progressif.. Il s’agit maintenant pour nos autorités d’inscrire ce choix dans un engagement juridiquement contraignant et de l’accompagner des mesures législatives et réglementaires requises.
4. LE DÉVELOPPEMENT DE LA R&D ET DE L’INNOVATION NUCLÉAIRES EN BELGIQUE
Nous demandons au gouvernement belge de protéger les connaissances et le savoir-faire nucléaire belge existant au sein des experts nucléaire de notre pays. La Belgique se distingue, sur la scène internationale, par son savoir-faire varié et substantiel dans le domaine nucléaire et ses applications. La science et la recherche (fondamentale et appliquée) liées à la technologie nucléaire apportent des solutions tangibles et concrètes aux défis mondiaux. Les entreprises belges ayant des compétences nucléaires participent actuellement à de nombreuses missions économiques (SCK CEN, IBA, Magic Instruments, IRE...). Leurs connaissances de la technologie nucléaire et de ses applications, d’amont en aval, sont primordiales. Le savoir-faire nucléaire belge doit être reconnu, préservé de manière structurelle, et approfondie. La fermeture possible des centrales nucléaires menace la visibilité, la réputation internationale et la poursuite du développement du savoir-faire nucléaire belge. En cas de sortie du nucléaire, l’expertise nucléaire belge se tarira irrémédiablement, et cette perte de connaissance sera irréversible. Nous devons au contraire conserver et développer nos atouts.
5. LA RÉALISATION ET LE SOUTIEN CONSTANT DE L’INFRASTRUCTURE DE RECHERCHE MYRRHA
Nous demandons au prochain gouvernement de confirmer son soutien au projet MYRRHA, l’une des infrastructures de recherches nucléaires les plus importantes d’Europe, et l’une des pierres angulaires des compétences et du savoir-faire nucléaires belges, et libérer les moyens nécessaires pour sa réalisation. Depuis plus d’un demi-siècle, la Belgique a disposé d’une infrastructure de recherche nucléaire polyvalente qui a permis à nos scientifiques de perfectionner leurs compétences, leur savoir-faire, de leur assurer un leadership mondial et d’effectuer des recherches approfondies grâce à une infrastructure et des laboratoires nucléaires à la pointe de science. Il serait irresponsable qu’après le démantèlement d’un réacteur de recherche tel que le BR2, il n’existe plus d’équipement alternatif permettant d’assurer la continuité de la recherche et de ses applications dans les domaines industriels et de la santé. Le projet MYRRHA est la réponse à cet enjeu. La Commission européenne appuie MYRRHA depuis le début du projet. Elle le considère comme un projet international prioritaire ayant un grand intérêt sociétal qui constitue un exemple dans l’établissement d’une économie de la connaissance dynamique. En 2010, MYRRHA a été placé en haut de la liste des grandes infrastructures de recherche pour l’énergie par le Forum stratégique européen pour les infrastructures de recherche (ESFRI). Le gouvernement belge reconnaît également l’importance de MYRRHA dans son dernier accord de gouvernement.
En savoir plus ? www.forumnucleaire.be/memorandum