Le gouvernement belge décide de maintenir deux réacteurs nucléaires en activité pendant 10 années supplémentaires
Le gouvernement belge a décidé, vendredi 18 mars, de maintenir en service les deux réacteurs nucléaires les plus récents (Doel 4 et Tihange 3) pendant 10 ans de plus, jusqu'en 2035. Selon ses propres termes, le gouvernement veut ainsi renforcer "l'indépendance de la Belgique vis-à-vis des sources d'énergie fossiles en période de turbulences géopolitiques". Ce faisant, ce gouvernement abandonne sa proposition antérieure de fermer toutes les centrales nucléaires d'ici 2025.
Contexte
L'accord de coalition, conclu en octobre 2020 par le gouvernement actuel Vivaldi (une coalition inédite de libéraux, socialistes, chrétiens-démocrates et verts), a confirmé la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire. Cette loi prévoyait la fermeture de tous les réacteurs en Belgique entre 2015 et 2025. Toutes les unités seraient mises hors service après 40 ans d'exploitation. Pour les trois unités les plus anciennes (Doel 1, Doel 2 et Tihange 1), cela signifiait une fermeture en 2015, pour les unités les plus récentes (Doel 3, Doel 4, Tihange 2 et Tihange 3) une fermeture en 2025. Dans le même temps, l’arrêt des trois unités les plus anciennes a été inversé, et elles ont reçu le feu vert pour rester opérationnelles pendant dix années supplémentaires.
Fin 2021, le gouvernement belge avait demandé à l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) d'analyser la possibilité de prolonger la durée d'exploitation des deux réacteurs les plus récents, au cas où un rapport du gestionnaire de réseau Elia montrerait que l'approvisionnement en électricité puisse être compromis sans énergie nucléaire après 2025. Elia avait précédemment déclaré qu'au moins 3,6 GWe de nouvelles capacités thermiques seraient nécessaires d'ici la fin 2025.
« Pour activer le plan B, il est crucial que le gouvernement prenne une décision claire avant la fin du premier trimestre 2022. »
L'agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN)
Décision du gouvernement 18 mars
Le 18 mars, le gouvernement a annoncé qu'il souhaitait maintenir Doel 4 et Tihange 3 en activité pendant 10 ans de plus, jusqu'en 2035, afin de conserver une capacité de production nucléaire de 2 gigawatts. Dans le même temps, il a été annoncé que le ministre de l'Énergie et le Premier ministre poursuivraient les discussions avec la Commission européenne à propos des conséquences de la prolongation du nucléaire sur le mécanisme de compensation de capacité pour les nouvelles centrales à gaz.
Pour l'AFCN, maintenir les réacteurs belges ouverts plus longtemps (plan B) est possible et sûr, à condition que les adaptations nécessaires soient apportées, tant aux installations qu'au cadre législatif : « Pour activer le plan B, il est crucial que le gouvernement prenne une décision claire avant la fin du premier trimestre 2022. Il appartiendra ensuite aux exploitants de centrales nucléaires de procéder à leur analyse et de déterminer s'ils sont prêts à réaliser les investissements nécessaires. »
Engie a déclaré vouloir travailler avec le gouvernement afin d’étudier la faisabilité d'une exploitation à long terme (LTO), en maintenant les deux unités ouvertes plus longtemps, selon Reuters. L’entreprise a déclaré que la décision de prolonger la durée d’exploitation des unités présente « des contraintes importantes en matière de sûreté, de réglementation et de mise en œuvre car cette décision n'était pas prévue et, compte tenu de l'ampleur des travaux, elle comporte un risque qui dépasse l'activité normale d'un opérateur privé. »
Prochaines étapes
L'avant-projet de loi relatif à l'extension de la durée de vie des réacteurs de Doel 4 et de Tihange 3 devrait être soumis à l'approbation du Conseil des ministres d'ici la fin du mois de mars, tout comme le projet modifiant l'arrêté royal du 30 novembre 2011 visant le règlement de sécurité des installations nucléaires.
« La prolongation de la durée d’exploitation des deux réacteurs ne peut pas écarter du marché la production d'électricité renouvelable", a déclaré le gouvernement. "Par conséquent, l'une des choses qui sera étudiée est de savoir si, en cas de surproduction, les centrales nucléaires peuvent également être utilisées pour lancer le marché de l'hydrogène en Belgique. »
Le gouvernement fédéral a également annoncé des investissements (dans l'énergie éolienne en mer, l'hydrogène, l'énergie solaire et la mobilité durable) pour un montant total de 1,1 milliard d'euros, dans le but de 1). stimuler la transition vers la neutralité climatique et 2). accélérer l'indépendance vis-à-vis des combustibles fossiles.