L'agence spatiale ESA choisit Tractebel comme partenaire pour développer du combustible nucléaire pour les missions spatiales
La société belge d'ingénierie Tractebel va coopérer avec l'Agence spatiale européenne (ESA) pour alimenter les missions vers la Lune (et plus tard vers Mars). Une première en Europe !
L'énergie solaire ne suffit pas
Quiconque veut explorer l'espace a besoin d'énergie, de beaucoup d'énergie. D'abord, lors du lancement, pour contrer la gravité terrestre. Mais aussi par la suite, pour atteindre une planète lointaine. Tout aussi important : fournir à l'équipage et à la sonde spatiale de l'électricité et de la chaleur pendant le long voyage dans l'espace. Parce par ce qu’il y fait extrêmement froid et complètement noir lorsqu’on est hors de portée du soleil.
Les panneaux solaires seuls ne suffisent donc pas, pas même pour notre plus proche voisine, la Lune. Sur la Lune, la nuit dure deux semaines donc l'énergie solaire est insuffisante. L'énergie nucléaire est compacte, indépendante des conditions météorologiques (soleil), et fournit une énergie fiable pendant une longue période sans avoir besoin d'un moteur à combustion ni émettre de CO2. Puisqu'il n'y a pas d'oxygène dans l'univers, vous ne pouvez tout simplement pas utiliser de combustibles fossiles.

Énergie nucléaire = une technologie éprouvée
L'énergie nucléaire est donc une source d'énergie fiable pour les voyages spatiaux lointains, comme source d'énergie mais aussi comme source de chaleur pour tenir les astronautes au chaud et protéger les équipements techniques du froid. L'énergie nucléaire dans l'espace est une technologie éprouvée. Par exemple, les Rovers martiens Curiosity et Perseverance transmettent depuis des années de précieuses informations sur la planète rouge grâce à la batterie nucléaire embarquée. Il en va de même pour Voyager, qui transmet des informations à la Terre depuis plus de 40 ans grâce à sa batterie nucléaire.

Une première européenne, produite en Belgique
Et maintenant, une nouvelle étape a été franchie. La société internationale d'ingénierie Tractebel, dont le siège principal est en Belgique, a été choisie par l'Agence spatiale internationale ESA comme partenaire pour évaluer, avec ORANO et SCK CEN, la possibilité d'utiliser le plutonium 238 (Pu-238) comme combustible pour les émissions spatiales. Une première en Europe !
En dehors de l'Europe (par exemple à la NASA), les batteries nucléaires sont une technologie éprouvée pour l'exploration spatiale. Mais la production de Pu-238 est complexe et coûteuse. Jusqu'à présent, seuls les États-Unis et la Russie pouvaient le faire. Le Pu-238 alimente des batteries nucléaires appelées générateurs thermoélectriques à radio-isotopes (RTG) et unités de chauffage à radio-isotopes (RHU). Ils sont essentiels pour fournir aux navettes spatiales et aux astronautes de l'électricité et de la chaleur dans les endroits où le soleil ne brille pas.

Lunar Gateway
L'ESA a l'intention d'utiliser le plutonium de Tractebel pour le développement d'un premier atterrisseur lunaire européen, le European Large Logistic Lander (EL3), qui sera lancé à la fin de cette décennie. L'atterrisseur lunaire fait partie du programme « Lunar Gateway » (dirigé par la NASA). La passerelle est une petite station spatiale en orbite autour de la Lune qui servira d'étape pour envoyer des astronautes sur Mars. Ce projet représente une occasion unique pour l'Europe de développer sa propre alternative à l'énergie solaire pour l'exploration spatiale, notamment des batteries nucléaires utilisant l'énergie et la chaleur des radio-isotopes.