La technologie nucléaire pour sauver le rhinocéros africain
En Afrique du Sud, une nouvelle technologie devra permettre de réduire considérablement le braconnage des rhinocéros. Le projet Rhisotope, mis en place par l'Université de Witwatersrand, utilise des isotopes radioactifs à cette fin. Il s'agit d'une collaboration unique entre l'industrie nucléaire, les scientifiques, les chercheurs universitaires et les vétérinaires.

Espèces menacées d'extinction
En 2020, 394 rhinocéros ont été braconnés pour leurs cornes uniquement en Afrique du Sud. Le commerce de la corne de rhinocéros est illégal et interdit au niveau international, mais les ventes illégales se poursuivent. Le coût élevé de la corne de rhinocéros (jusqu'à plusieurs dizaines de milliers d'euros le kilo) en a fait un commerce lucratif pour les bandes criminelles. La corne de rhinocéros est populaire dans des pays tels que le Viêt Nam, la Chine, le Cambodge, la Croatie et la Corée du Sud, où des pouvoirs médicinaux sont attribués à la corne, qui est également un symbole de statut social.
L'Afrique du Sud abrite 90% de la population mondiale de rhinocéros, mais de 2010 à 2019, plus de 9600 rhinocéros ont été tués par le braconnage. Au rythme actuel, le rhinocéros sauvage aura disparu dans moins de 10 ans. L'ambition du projet Rhisotope est de décourager le braconnage illégal des rhinocéros, et il fait appel à l'industrie nucléaire pour y parvenir.

Isotopes radioactifs
Le projet Rhisotope vise à déterminer si des quantités inoffensives d'isotopes radioactifs peuvent être injectées dans la corne d'un rhinocéros sans causer de dommages aux animaux. L'idée derrière est double : la corne de rhinocéros radioactive devrait dissuader les acheteurs potentiels et réduire la demande, mais surtout, une corne radioactive sera plus facilement détectable dans les scanners des aéroports, des postes de douane et des contrôles frontaliers. Dans le monde entier, on compte environ 10 000 appareils à rayonnement en service dans les ports (aériens) et autres terminaux internationaux. Cela devrait rendre le transport illégal de corne incroyablement difficile, et augmenter considérablement l'identification et l'arrestation des contrebandiers.
Dans la première phase du projet, qui a débuté en mai de cette année, des traces d'isotopes stables et inoffensifs ont été insérées dans la corne de deux rhinocéros afin de comprendre comment les isotopes interagissent avec la corne et l'animal. La modélisation informatique devrait alors permettre de déterminer la dose appropriée pour chaque rhinocéros. Un rhinocéros factice et une imprimante 3D permettront de tester les doses avant de les injecter aux animaux vivants.

Une collaboration unique
Ce projet est le fruit d'une collaboration unique entre le monde universitaire, l'industrie nucléaire et d'autres chercheurs, scientifiques et vétérinaires du monde entier. L'Université de Witwatersrand (WITs) en est l'initiateur, avec le soutien de l'Australian Nuclear Science and Technology Organisation (ANSTO), de la Colorado State University (USA), de ROSATOM (Fédération de Russie) et de la Nuclear Energy Corporation of South Africa (Necsa).