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Allemagne : transition énergétique, objectifs climatiques et sortie du nucléaire
Allemagne : transition énergétique, objectifs climatiques et sortie du nucléaire

Analyse McKinsey : les objectifs climatiques allemands ne seront pas atteints

La politique climatique allemande n’atteindra pas ses objectifs, selon le récent rapport McKinsey. Dans sa tentative de répondre à la crise énergétique actuelle, le gouvernement allemand propose des solutions à court terme qui sont incompatibles avec ses ambitieux plans climatiques. Par exemple, rien que cet automne, 12 centrales au charbon seront redémarrées. La sortie du nucléaire est également en train de vaciller, mais seulement légèrement. Il est possible que 2 des 3 unités encore opérationnelles restent ouvertes un peu plus longtemps, jusqu'après l'hiver. Mais pour le reste, l'Allemagne s'en tient à sa sortie du nucléaire. Le rapport McKinsey conclut que l'Allemagne n'atteindra pas son objectif climatique pour 2030 (réduction de 65 % des émissions de CO2 par rapport à 1990).

Deux fois par an, l'indice McKinsey Energiewende fournit une vue d'ensemble et un état de la transition énergétique en Allemagne, sur la base de 15 indicateurs. La question concrète : dans quelle mesure sera-t-il réaliste d'atteindre les objectifs fixés pour 2030, sur la base des trois paramètres du triangle énergétique : ambitions climatiques, sécurité d'approvisionnement et prix de revient. Dans le cadre de ces paramètres, 15 indicateurs sont analysés dans chaque cas.

Conclusion 1 : L’objectif allemand en termes de part d'énergie renouvelable ne sera pas atteint

Principale observation : l'attaque russe contre l'Ukraine exerce une forte pression sur le succès et les chances de succès de la transition énergétique allemande. La position de l'Allemagne dans la transition énergétique en 2030 dépendra donc fortement 1) de l'expansion des énergies renouvelables d'une part, et 2) de la situation sur le marché du gaz. Le gouvernement allemand a prévu de tirer 80 % de son approvisionnement énergétique de sources renouvelables d'ici 2030. D'ici 2045, l'Allemagne est ainsi censée devenir le premier pays industriel neutre sur le plan climatique. Le gaz naturel était dans cette logique allemande le meilleur moyen d'assurer une transition en douceur. Le problème est que personne ne souhaite investir dans les centrales à gaz.

L'ambition de l'Allemagne de porter à 80 % la part des énergies renouvelables d'ici la fin de la décennie est trop élevée et irréaliste, selon le rapport McKinsey. Cet objectif ne sera donc pas atteint. Très concrètement, pour atteindre l'objectif de 80 %, il faudrait ajouter chaque année des systèmes photovoltaïques d'une capacité de 18 GW ; l'énergie éolienne terrestre devrait s'accroître de 1 800 turbines par an, soit l'équivalent de cinq turbines par jour, et la capacité éolienne en mer devrait presque quadrupler d'ici à 2030.

En réalité, les besoins énergétiques allemands en 2030 ne seront pas couverts par l'énergie solaire et éolienne sept jours sur dix.

Conclusion 2 : L’objectif allemand en matière de réduction des émissions de CO2 ne sera pas atteint

La réalité d'aujourd'hui est en contradiction avec les ambitions de l'Allemagne en matière de réduction des émissions de CO2 : au lieu de miser sur des sources bas carbone fiables et stables (nucléaire ou hydroélectricité), l'Allemagne se rabat sur les sources d’électricité à fortes émissions de CO2. Ce mois-ci, par exemple, 12 centrales électriques au charbon seront remises sur le réseau. En marge, l'Allemagne envisage également de garder opérationnel plus longtemps 2 de ses 3 centrales nucléaires existantes, mais seulement pour une courte période, jusqu'en avril 2023.

Les centrales électriques au charbon devraient être progressivement arrêtées d'ici avril 2024, tandis que le lignite devrait être débranché dès juillet 2023. Mais McKinsey conclut que, si les prix du gaz restent aussi élevés qu'aujourd'hui pendant plusieurs années, les centrales au charbon continueront à fonctionner plus de longtemps. McKinsey prévient : dans ces conditions, l'Allemagne ne pourra en aucun cas atteindre ses objectifs climatiques en matière d'émissions de CO2 (65 % de moins qu'en 1990).

Conclusion 3 : l'approvisionnement en énergie est plus important que les objectifs climatiques

L'avenir de l'énergie nucléaire suscite de vifs débats en Allemagne, car beaucoup de gens estiment qu'il faudra utiliser tous les moyens (lire : toutes les technologies bas carbone, y compris l'énergie nucléaire) dès maintenant. Mais pour Robert Habeck, le ministre de l’Économie et du climat (parti écologique), il s'agit d'une décision difficile. Son parti a des racines dans le mouvement antinucléaire et, depuis l'invasion russe, il a déjà dû mettre de côté les valeurs fondamentales de son parti à plusieurs reprises. "Je pense que l'approvisionnement en énergie est désormais plus important que les objectifs climatiques", a récemment déclaré M. Habeck.

Une remarque qui n'a d'ailleurs rien à voir avec l'énergie nucléaire et les émissions de CO2. Parce que l'énergie nucléaire est une technologie à faible émission de carbone, et dans de nombreux pays (dont la Belgique) la principale source d'électricité et d'énergie bas carbone. En tant que telle, l'énergie nucléaire fait plutôt partie des solutions (stables et bas carbone) dans la crise climatique et énergétique actuelle.

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